۱۳۹۰ خرداد ۱۲, پنجشنبه



désir de Ferdowsi

Une lecture lacanienne sur le Livre des Rois

Tahereh BAREI

En attendant l’ouverture de la bibliothèque l’INALCO pour consulter une traduction du Livre des Rois en français, mon regard s’est posé sur une plaque en pierre de l’immeuble d’en face. On pouvait y lire : « Jacques Lacan 1901-1981 pratiquait ici la psychanalyse de 1941 à sa mort ».

À la croisée des chemins, entre Ferdowsi et Lacan, je me suis senti perchée dans mon élément, au bon moment et au bon lieu, entre les murs des représentations, dans une traversée de l’histoire.

Jules MOHL, le traducteur de l’œuvre de Ferdowsi dans sa préface écrit : « un poème épique comme le Livre des Rois, qui embrasse toute l’histoire d’un grand empire, depuis sa fondation jusqu’à sa destruction, a besoin d’être examiné sous beaucoup de rapports avant que sa véritable place comme œuvre littéraire et comme source historique puisse lui être assignée. »[1]

Or, le Livre des Rois, malgré son apparence, et ô combien l’apparence est trompeuse, ne se nourrit pas d’un intérêt ou d’une fascination pour le combat et le monde épique. Ce n’est pas pour immortaliser une veine guerrière que le grand poète persan s’est investi dans la recherche, l’étude, la collecte ou la reconstitution poétique des faits historiques et des mythes perses du début de l’histoire jusque vers la fin de la dynastie sassanide. Au contraire, ce qu’il souhaite avant tout, c’est le cheminement de l’être humain vers la sagesse et le dépassement de l’ignorance et de l’amour-propre.

Pour Ferdowsi, les combats sont des mises en scène destinées à éclairer l’émergence et l’épanouissement de son héros idéal, celui que Ferdowsi nomme Rostam.

Ferdowsi fait échouer les combattants prétentieux et condescendants, et insiste sur le fait que l’héroïsme est une affaire d’accomplissement de soi, l’acquisition de l’humilité, d’une idée juste et claire vis-à-vis des limites de la condition humaine, sans se précipiter ni se perdre dans l’intransigeance et sans vouloir dépasser toute limite.

D’après ce poète, il y a en effet des limites à ne pas franchir. Le destin tragique d’Esphandiar, celui qui comme Rostam a excellé dans le défi des sept épreuves successives, en est l’exemple. À force de ne pas respecter la limite, de tenter d’humilier et vaincre Rostam, il y perd sa vie. La vraie vie héroïque dépend des qualités humaines et non de la force physique, de la jeunesse, ou de l’ambition de battre et de dominer. Le Livre des Rois est une peinture persane qui illustre le « comment être » et non pas le « comment battre ».

Ferdowsi fait naître Rostam du Zâl et Roudabeh par l’intervention thérapeutique de Simorgh. Zâl, lui, est nourri et élevé par Simorgh, cet oiseau mythique au-delà de la montagne Alborz, qui domine la ville et le domaine du père de Zâl. Zâl est le véritable pilier du récit poétique de Ferdowsi.

Simorgh, ce deuxième centre de l’écriture de Ferdowsi, se situe sur les hauteurs du récit dans un monde invisible et ne descend que quelquefois pour apporter son aide et son soutien à Rostam et, avant lui, à Zâl, son père. Simorgh représente la verticalité du récit, tandis que Rostam incarne l’horizontalité, avec un mouvement et une affinité entre les deux qui enveloppent tous les autres rapports et événements et finissent par limiter leur importance. Dès lors, emmaillotés dans un va-et-vient entre Simorgh et Rostam, les guerres et l’histoire de la recherche du pouvoir de l’homme apparaissent telle une montée de poussière dans le vent.

Zâl, cet être né avec des cheveux blancs, hébergé dans le nid de Simorgh et descendu sur terre pour porter en lui la lignée des hommes sages, établit le lien entre Simorgh et Rostam, entre la verticalité et l’horizontalité du récit. La vie de Rostam subit le temps tandis que Simorgh est au-delà du temps. Zâl, quant à lui, est un observateur du temps.

Comment comprendre que dans le tourbillon du temps qui a chamboulé les pages du Livre des Rois et l’écoute des lecteurs successifs, le nom de Rostam, personnage principal de Ferdowsi, n’ait fait qu’un et se confonde avec le nom du poète et le titre de son livre ? Le Livre des Rois se fait pressentir comme étant le Livre de Rostam ou encore le Livre de Ferdowsi.

Par une brève lecture lacanienne sur le travail du poète, nous proposerons un nouveau regard sur le rôle de Rostam et Simorgh dans la poésie de Ferdowsi. Nous tenterons de donner un sens nouveau à ce fait, entré dans le langage courant des Perses, selon lequel Ferdowsi, grâce à son Livre des Rois, a sauvegardé la culture persane et l’a immunisée face aux assauts du temps.

Notre analyse, fidèle à l’enseignement de Jacques LACAN par un cisellement et une découpe du langage de Ferdowsi fait apparaître les trésors que le poète a emmagasinés dans ses vers grâce à son accès – et peut-être au vol – à des richesses inépuisables de la langue. Son art fait transparaître le désir de la langue qui nous habite. Rappelons furtivement les dires de Lacan sur la poésie dans son séminaire de 1976-1977, un des derniers séminaires pendant lequel il incita les psychanalystes à s’inspirer de la poésie. « La poésie, c’est le forçage par où un psychanalyste peut faire sonner autre chose que le sens » et « Il n’y a que la poésie qui permet l’interprétation. »

Notre analyse consiste alors en une écoute des noms dans leur équivocité, au prix de l’effacement momentané de l’objet (ou personne) auquel ils se réfèrent. Dans ce passage de l’univocité à l’équivocité, grâce à une écoute sonore et rythmique, les phonèmes deviennent des éléments signifiants, et des associations nouvelles sont prises en compte. La langue dans son usage ordinaire est secouée. Sur ce forçage poétique, Lacan s’explique dans le même séminaire : « faire entendre, comme dans le mot d’esprit, l’intensité littérale sur lequel repose la signifiance du discours. » Dans un autre passage du même séminaire, il insiste à nouveau : « le propre de la poésie quand elle rate, c’est justement de n’avoir qu’une signification, d’être pur nœud d’un mot avec un autre mot ».

Quand Ferdowsi dit avoir consacré trente années de durs efforts pour raviver la culture perse, il indique bien que c’est à travers la langue que son défi a été réussi. Il se félicite de sa capacité à dépoussiérer la langue ordinaire et à la faire briller de ses joyaux, en insistant sur : « par une telle Persane[2] ».

Le choix des noms de Rostam et Simorgh est bel et bien le nectar d’« une telle Persane » pour Ferdowsi.

Curieusement, le nom de Rostam, dans le langage courant et avec une écoute ordinaire, ne suscite pas un sentiment de force physique pure, de vigueur ou de victoire. Au contraire, l’ombre d’une douce ironie sur ses qualités de champion fait douter du destin de ses défis et de ses prétentions de victoires, ce qui n’est pas le cas avec les personnages secondaires du Livre des Rois, tels que Gordâfarid, Goshtasb, Lohrâsb et tant d’autres. Ceci reflète le désir de Ferdowsi, par l’utilisation du nom de Rostam, de dire autre chose qu’une simple revendication de pouvoir et de territoire par la force physique, autre chose que faire perdurer un héroïsme de la toute puissance.

Le travail poétique de Ferdowsi dans son Livre des Rois se résume en Rostam non pas en tant que personnage historique, mais en tant que signifiant, pour placer Rostam dans l’univers de la langue persane et de la chaîne des signifiants. Ce nom de Rostam, sans chercher ces liens avec d’autres personnages historiques avant l’ère de Ferdowsi, tels que Rostam farokhzad, chef d’armée du dernier roi sassanide, est une fenêtre que le poète ouvre dans la langue pour faire apparaître le paysage de son désir, et l’immortaliser dans la langue persane et sa culture.

Sans tarder, écoutons ce signe en sortant de sa lecture ordinaire.

Rostam fait entendre le verbe « rostan », « germer » ou « pousser » en langue persane, au présent de la première personne du singulier. Rostam devient alors une affirmation de l’état de « verdir » et de « sortir du cocon », de « germer pour grandir ».

Une deuxième écoute du mot Rostam fait entendre le verbe « rastan », ou « délivrance » en persan. Rastam, très proche de Rostam, veut dire « je suis délivré », « sauvé », « libéré ». Nous sommes dans la même ambiance que « germer ». Rostam nous renvoie alors au vocable de « je suis poussé », « délivré », « libéré ».

La question se pose de savoir qui est ce « je ». De qui s’agit-il ? Ferdowsi par son Livre des Rois ? Le Livre des Rois lui-même ? Un personnage fruit des bienveillances de Simorgh de l’au-delà ? Peut-être même s’agit-il du lecteur, chaque fois qu’il ouvre le livre et frôle du regard le signifiant Rostam ?

Aucune trace ici de combativité, de championnat, d’intimidation, de vigueur.

Un simple regard sur les noms tels que Gordâfarid, Goshtasb, Lohrâsb révèle à quel point avec le nom de Rostam, nous sommes loin d’une mise en scène de l’héroïsme, dans sa dimension de victoire sur les autres.

Gordâfarid nous envoie à Gord (« warrior » en persan) et âfarid (« a créé », en langue persane). Gordâfarid fait apparaître devant nos yeux celle qui est une créature de « warrior » et qui crée elle-même les « warriors ». De plus, Gord nous fait entendre « garde » (« poussière » en persan). La personne de Gordâfarid intervient alors comme un être dont l’allure fait se soulever les poussières, et qui devient spectaculaire dans son physique et ses démarches.

Goshtasb et Lohrâsb sont tous deux porteurs du mot « âsb », qui fait entendre asb (« cheval » en persan). Gosht nous envoie à « kosht » (« tua » en persan), à Gord (« warrior » en langue persane) ainsi qu’à « gorz » (une arme à main extrêmement pointue).

Lohr, dans Lohrâsb, fait entendre « delhore » (« terreur » en persan).

Autant de mises en scènes qui n’ont rien à voir avec l’univers du signifiant Rostam, lequel ne suscite aucune opposition avec l’extérieur, mais renvoie plutôt à un combat de l’ordre intérieur, vers la verticalité d’une libération intérieure.

Notons bien que le nom de Rostam dans le Livre des Rois est parfois attaché à un autre nom : Dastân. Dastân est le nom que Simorgh a donné à Zâl, grand père de Rostam ; Rostam le porte aussi. Dans cette association, Rostam se modifie légèrement pour devenir Rostamei. Et le tout : Rostamei Dastân. Dastân, dast+ân dans la langue ordinaire, fait entendre le pluriel de « main », c’est-à-dire : des mains. Notre lecture d’équivocité du mot entend le « ân » non pas en tant que signe du pluriel mais en tant que « lui », l’innommable, signifiant employé à volonté dans la littérature mystique persane. Cette écoute nous conduit à comprendre Rostamei Dastân, comme l’association de « pousser », « la main d’innommable ». Étant donné que Dastân est le nom offert par Simorgh, il faut chercher l’origine de « dast » (main) chez lui. De là transparaît l’appartenance de Rostam, de son épanouissement et de sa délivrance finale aux efforts de Simorgh.

Une autre écoute du mot Dastân nous mène au mot Dâstân, qui veut dire « histoire » en persan. Alors Rostamei dastân fluctue entre « délivrance », « pousser » et « l’histoire et le personnage de Rostam ». Une histoire de l’homme qui découle du haut des montagnes grâce aux mains d’un nommé Simorgh.

Et Simorgh, quant à lui, quelle porte ouvre-t-il dans la chaîne des signifiants et à quel désir de l’être de langue se réfère-t-il ?

Nous ne visons pas les racines épistémologiques de ce mot. Nous l’écoutons dans son équivocité. Le résultat est que Simorgh fait entendre « Sim », c’est-à-dire « argenté » en persan, et « rokh » au sens de « visage ». Simorgh nous renvoie donc à « simrokh », le visage argenté du bien-aimé, largement employé dans la littérature mystique persane. Nous sommes dans l’univers de la manifestation féminine de la divinité. Les choses deviennent plus claires par rapport aux rôles que joue Simorgh dans le Livre des Rois.

Nous allons maintenant passer de « il » à « elle » pour nous référer à cet être de l’au-delà, cet être des montagnes, pour comprendre que c’est elle qui apparaît pendant l’accouchement de la mère de Rostam. C’est elle qui aide à l’accouchement et qui prescrit des remèdes pour les blessures de la mère. Simorgh est ici une sage-femme.

C’est elle qui s’est occupée de Zâl, l’a nourri et élevé comme ses propres enfants. Simorgh est ici une mère. « Je t’ai élevé comme une nourrice, je suis pour toi comme une mère, et je suis une source de bonheur pour toi »[3]. Dans un autre passage, même page, Simorgh dit ceci : « car je t’ai élevé sous mes ailes, je t’ai laissé grandir avec mes petits […]. Ne laisse pas s’effacer de ton coeur ton amour envers ta nourrice, car mon âme te porte un amour qui me brise le coeur ». Le ton est ici fortement maternel. Sa demande ne vise pas l’obédience mais l’amour.

Rappelons-nous que le nom de la grand-mère de Rostam est Sin dokht, soit le nom qui s’approche de notre lecture de Simorgh, c'est-à-dire, Sim rokh. Simorgh appartient donc au monde maternel, au monde féminin.

La langue de Ferdowsi ouvre des fenêtres dans la langue ordinaire, par son « une telle Persane », pour tourner les regards vers le visage du bien-aimé mystique et faire briller sa lumière argentée dans le monde langagier de Livre des Rois.

Le désir de faire transparaître le monde mystique à travers la montée et la descente des dynasties, à travers les combats et les guerres pour la conquête du pouvoir et de la célébrité, teint alors le Livre des Rois de la plume de Ferdowsi.

Simorgh donne une de ses plumes à Zâl, au moment de leur séparation, lorsque celui-ci, après de longues années d’éducation auprès de l’oiseau mythique, descend sur terre pour continuer la gouvernance de son père Sâm. La plume représente le moyen de communication au cas où un moment difficile dans la vie du personnage exigerait la présence salvatrice de l’être de bienveillance.

Quelle coïncidence ! D’un côté Ferdowsi qui sauve la langue et la culture persane, et Simorgh de l’autre qui sauve l’homme sur le chemin de la quête, par sa plume ! Le feu dans lequel il faut mettre cette plume pour faire apparaître Simorgh ne serait-il pas le feu de trente années de durs efforts pour écrire le Livre des Rois ? Atteindre la Simorgh par son travail de poésie ne serait-il pas le désir de Ferdowsi ? Ce ne serait pas à ce point, que le poète et son Rosatam et Simorgh convergent et font un ?

La mise au feu de la plume de Simorgh apparaît deux fois dans le Livre des Rois. La première fois pendant l’accouchement difficile de la mère de Rostam, et la seconde pendant le moment de détresse de Rostam face à Esphandiar, lorsque Simorgh apprend à Rostam à viser le point mortel du corps immortalisé d’Esphandiar : ses yeux.

Ne s’agit-il pas ici de la plume de Ferdowsi qui subjugue et éblouit son lecteur ? C’est-à-dire cette même plume qui prend en charge un accouchement hasardeux dans la langue persane et sa culture ?

La plume thérapeutique de Simorgh, qui guérit à la fois la blessure grave de Roudabeh, la mère de Rostam, après son accouchement et également celles de Rostam et de son cheval emblématique, Rakhsh, dans son face à face avec Esphandiar, cette plume ne serait-elle pas la plume de Ferdowsi qui guérit les blessures d’un peuple ?

L’approche historique et herméneutique de Mostafa Azmayesh, dans son livre Avec Ferdowsi, cheminement des soufis jusqu’à Simorgh[4] (voir bibliographie), confirme les données de notre analyse. Azmayesh, dans son étude sur l’ambiance culturelle et politique de la ville et la région dans laquelle le Livre des Rois a été écrit dit ceci :

« Le Livre des Rois s’est construit en Khorasan et en particulier dans une de ses villes : toos. Toos, à l’époque, se baignait dans une ambiance particulièrement riche grâce à la présence des grandes figures du soufisme et des confréries renommées. Fréquentée par des grandes personnalités mystiques, cette ville fut le lieu où Ferdowsi a rencontré des hommes auxquels il fait référence dans son chef-d’œuvre comme des êtres libres (Azâdegân), et des êtres justes (Javânmardân). L’admiration évidente du poète envers ces êtres ne concerne personne d’autre que ces gens en quête de vérité, ces Derviches, délivrés. »

D’après Azmayesh, certains faits historiques confirment l’affinité et l’amitié du poète avec ses personnalités. Azmayesh tente de démontrer l’influence de la pensée mystique de la région, un croisement de la gnostique perse avant l’islam (erfane khosrovani) et un soufisme d’après, sur les pensées et la poésie de Ferdowsi.

Cet influence, se cristallise dans les limites que le poète impose à son héro Rostam, l’être de croissance et délivrance.

Le Simorgh de Ferdowsi, quand elle réapparaît à Zâl pour apporter secours à Rostam son fils blessé, met en lumière le fait que pour bénéficier de son aide, certaines conditions doivent être remplies. « Si tu veux faire un pacte avec moi, tu renoncera à toute envie de combat, tu ne cherchera pas à t’élever au-dessus d’Esphandiar sur le champ de bataille et dans la lutte, tu lui rendras demain hommage, tu lui offriras comme rançon ton corps et ton âme. Si alors son heure est arrivé, il dédaignera certainement tes excuses, et je te fournirai un moyen de salut, je porterai ta tête jusqu’au soleil »[5]

Simorgh conclut : « S’il refuse d’accepter tes excuses, s’il veut te traiter comme un homme de peu de valeur, alors bande ton arc, place cette flèche en tamarix, le destin portera cette flèche droit dans ses yeux, car c’est là qu’il est vulnérable, pourvu que tu ne te mettes pas en colère. » [6]

Le pacte de Simorgh est le pacte de Ferdowsi : se présenter en un homme juste, modeste, sans colère ni haine ; au lieu de condescendance, même avec un ennemi juré, manifester le remord et la réconciliation. Le pacte de Ferdowsi vise la vision du monde dédaigneuse de Esphandiar, malgré toutes ses bravoures et son passé héroïque.

Nous pouvons d’ores et déjà dire avec certitude que la poésie de Ferdowsi, selon la définition que Lacan donne de ce terme, ne rate pas, car il ne crée pas des significations vides mais pleines de sens.

Bibliographie

1- Lapeyère José, L’acte poétique et le nouage borroméen, A.L.I. (Association Lacanienne Internationale), février 2008, et Bulletin de l’association Freudienne, n° 57, mars 1998.

2- Azmayesh Mostafa, با فردوسی، سلوک صوفیانه تا دیار سیمرغ, [ Avec Ferdowsi, cheminement des soufis jusqu’à Simorgh], édition Haghyghat, 2002, p. 187.

3-Le shâh Nâmeh ou Le Livre des Rois, Publié, Traduit et commenté par J.MOHL En VII Tomes 1976


[1]- Le Livre des Rois, préface, Tome I Traduit par Jules MOHL, Editeur Maisonneuve 1976

[2] بسی رنج بردم دراین سال سی عجم زنده کردم بدین پارسی

[3]-Ibid TomI, page 226

[4]- سلوک صوفیان تا دیار سیمرغ با فردوسی

[5] -Traducteur Jules MEUL Tome IV, page 669

[6]- Ibid, page 671

۱۳۸۹ اردیبهشت ۱۰, جمعه

Entre moi et mon être femme



Entr moi
et mon être femme
les hommes de dieu
tartinent leurs pains
au beurre de religion
en parlant de la noix de femme

entre moi
et mon être femme
mon corps soldé
dans des lingeries hautes gammes


entre moi
et moi, femme
tant de jacassements, ululements, crachements
sur la branche du printemps


je vais entrer dans le miroir
m'habiller du cristal
briller
ma cathédrale, femme

tahereh BAREI
extrait d'un long poème




۱۳۸۹ اردیبهشت ۹, پنجشنبه

Extraits des poèmes


Extraits


Je regarde le monde
à travers mes poumons

Ici, pas de graphologie, de chiromancie
La seule empreinte
C'est le souffle

Je vois des femmes et des hommes
Transporter leur souffle en bandoulière
Comme on porte des glaçons
à la montagne
Dans des journée chaudes

Soudain
Les persécuteurs !
Le brouhaha
Le verbe taire
Ils s'opposent à son passage au corps
Contestent qu'elle transparaisse
devienne feuille

Entre nous, le bord d'un gouffre
Un espace noir

Le jardin s'évapore dans la chaleur d'août
Tout autour bruisse :
Souffle, souffle

Dans une défeuillaison rapide
Voilà des poumons, partout

Le jardinier coupe les roses
Leurs têtes fanées
Teintées des derniers rayons du crépuscule
S'amassent, se multiplient
Dans le grand seau à ses pieds
Sombrent sans un cri

Le jardinier
Avec ses ciseaux !

Un jour avec le printemps
Avec le printemps, un jour
Les bourgeons vont éclater, blanc porcelaine
Vêtit de mes poumons, le pommier
A ouvert ses bronches frêles
Irradie le souffle embaumé

Ils m'ont ouvert la porte
Cette entrée exiguë
Qui mène au jardin fluide du souffle
Ils ont démoli les entraves
Comme de mauvaises herbes

Auxquelles on dit non


Tahereh BAREI